L'achat de nourriture dans les
magasins à rabais se répand à une telle
vitesse que les conseillers budgétaires doivent ajouter
cette pratique dans l'élaboration du budget des consommateurs
qui les consultent. Étonnant, non?
Caroline
Arel, conseillère budgétaire chez Option consommateurs,
le confirme : « Les gens qui achetent de la nourriture
dans les magasins à un 1 $ ont sans doute un petit
peu moins de moyens financiers. Ils ont donc l'impression
d'en avoir un peu plus pour leur argent, de pouvoir garnir
leur panier d'épicerie un peu plus que s'ils allaient
dans une épicerie conventionnelle. On remarque parfois
des écarts dans le budget et on pose plus de questions.
Allez-vous parfois au Dollarama? Très souvent, il y
a une portion des achats faits au Dollorama consacrée
à l'épicerie. »
Des produits venus d'ailleurs
Comment se fait-il que les magasins qui proposent la formule
« tout à 1 $ » offrent des
denrées alimentaires? D'où proviennent ces mystérieuses
boîtes et ces curieux pots qu'on ne voit pas dans d'autres
magasins?
JoAnne Labrecque, professeure en marketing
à l'école des Hautes études commerciales,
nous soumet un embryon de réponse : « Ce
qu'on trouve dans ces magasins, ce sont souvent des produits
moins connus ici. On n'a pas payé pour la notoriété
du produit, pour la publicité, pour certaines promotions.
On peut retrouver des marques qui viennent d'un peu partout,
soit parce que ça été une bonne négociation,
qu'on a eu une bonne offre, qu'on a eu une fin de production,
une fin de stock chez un fournisseur qui est peu distribué.
Il peut être très bien connu dans un autre pays,
mais il va écouler ses stocks ici. »

Un bon exemple de ce type de produit, la marque
française St-Dalfour : disponible dans les
supermarchés, elle est réputée pour ses
confitures. Imaginez le parcours! Avant d'atterrir sur les
tablettes, ce pot de prunes à 1 $ semble avoir
transité par... Hong Kong!
JoAnne Labrecque poursuit : « Le
produit a beaucoup voyagé et il a passé du temps
aux différents endroits. On peut s'attendre à
ce qu'il ne soit pas de la même qualité qu'un
produit qui vient d'être fabriqué et qui arriverait
tôt en tablette. Dalfour est une très bonne compagnie
et si le fournisseur savait ça, il ne serait pas heureux
de cette situation. »
Et ces produits dont on ne reconnaît pas la marque?
Certains produits sont spécialement fabriqués
pour les commerces à rabais. Le beurre d'arachides
Elite, par exemple, provient de l'Inde et est préparé
pour la chaîne Dollorama.
Goûtera, goûtera pas?
La question qu'on se pose en voyant ces aliments concerne
leur degré de fraîcheur. Pour connaître
la qualité réelle de ces aliments, L'épicerie
a acheté dans six commerces à rabais choisis
au hasard une dizaine de produits que nous avons soumis
à l'il expert des gens du laboratoire Cintech
agroalimentaire, à Saint-Hyacinthe. On ne retrouve
que très rarement des produits frais dans les magasins
à 1 $, c'est-à-dire des produits dont la
durée de vie est inférieure à 90 jours
et qui doivent obligatoirement afficher une date de péremption.
La
conclusion de Manon A. Laforest est claire, du moins en ce
qui concerne les boîte de conserve endommagées.
Il n'est vraiment pas recommandé d'acheter une conserve
bosselée ou bombée. Les boîtes bombées
peuvent souvent cacher un développement microbiologique.
Que la boîte soit bombée vers l'intérieur
ou vers l'extérieur, le contenu ne devrait pas être
consommé.
Chez Dollorama à Rawdon, Françoise Gaudet
précise : « Notre politique, c'est
qu'on enlève toutes les boîtes endommagées.
On ne les vend pas. »
Cette
pratique n'est pas très répandue ailleurs et
il est facile d'acheter des boîtes de conserves en mauvais
état. On peut donc se retrouver avec un produit tout
à fait impropre à la consommation ou légèrement
dégradé quant au goût. Mis à part
les boîtes de conserve bosselées, que nous avons
écartées de l'analyse, tous les produits
testés respectaient ou étaient très légèrement
inférieurs à la norme en ce qui concerne
le niveau d'oxydation. Malgré le goût altéré
et la fraîcheur discutable, aucun de ces produits n'était
rance.
1 $ : le meilleur prix?
Pourquoi achète-ton des produits alimentaires dans
des magasins de type Dollorama? « Les gens vont
nous dire souvent, c'est un petit peu moins bon, mais on peut
se payer des gâteries que normalement on ne s'achèterait
pas », affirme Caroline Arel.
Mais est-ce vraiment une bonne affaire d'effectuer une partie
de son marché dans un magasin à 1 $? Ce
n'est pas toujours le cas. À titre d'exemple, chez
Dollorama, une boîte de thon pâle en morceaux
dans l'eau de marque Clover Leaf coûte évidemment
1 $. Chez IGA, la même boîte achetée
le même jour au prix régulier nous a coûté
0,83 $.
Alors, si le prix vous importe plus que tout, mieux vaut
être vigilant et magasiner avant d'acheter à
un dollar!
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