Renée Claude
Parcours de vie
- Nom Complet :
- Renée Claude
- Date de naissance :
- Nom à la naissance :
Renée Bélanger
- Lieu de naissance :
Montréal
- Études :
Piano à l’École de musique Vincent-d’Indy, cours d’art dramatique avec Paul Hébert et cours de chant avec Alphonse Ledoux
- Profession :
Chanteuse
- Discographie :
Renée Claude, volumes 1, 2, 3 et 4; Shippagan; C'est notre fête aujourd'hui; Le tour de la terre; Le début d'un temps nouveau; Tu trouveras la paix; Je reprends mon souffle; Ce soir je fais l'amour avec toi; Je suis une femme; L'enamour, le désamour; Bonjour; Moi c'est Clémence que j'aime le mieux; Renée Claude chante Georges Brassens; Le futur est femme; Nelligan; J'ai rendez-vous avec vous : Renée Claude chante Georges Brassens; On a marché sur l’amour : Renée Claude chante Léo Ferré; et diverses participations à d’autres albums
- Rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma : :
Partenaires dans le crime (spectacle concept avec Claude Léveillée); Nelligan (opéra de Michel Tremblay et André Gagnon, mise en scène d'André Brassard); Tu faisais comme un appel (pièce de Marthe Mercure); L'amour avec un grand A (téléthéâtre de Janette Bertrand, épisode « Ça fait pas partie de la job »); Marcel poursuivi par les chiens (pièce de Michel Tremblay, mise en scène d'André Brassard); Triplex (téléroman de Christian Fournier); C't'à ton tour, Laura Cadieux (film de Denise Filiatrault); Station Nord (film de Jean-Claude Lord)
- Distinctions :
Premier prix au concours Les découvertes de Billy Munro à la radio de CKVL; premier prix au concours Chansons sur mesure à Bruxelles pour la chanson Feuille de gui de Jean-Pierre Ferland; premier prix pour l'interprétation de la chanson de l'année Tu es noire de Stéphane Venne et François Dompierre; trophée de la meilleure interprète au Gala des artistes pour la chanson Shippagan de Michel Conte ainsi que pour d'autres très belles mélodies et sa tournée musicale triomphante; trophée de la meilleure interprète au Festival du disque; prix du concours Clé d'or pour la chanson de Michel Conte Viens faire un tour; prestigieux prix de l'Académie Charles-Cros pour le spectacle hommage au mélodiste et chanteur Léo Ferré On a marché sur l'amour; Prix Hommage Québecor de la chanson et pour l'ensemble de sa carrière; membre de l'Ordre du Canada
Biographie
Enfant d’une grande timidité, Renée Claude, née Renée Bélanger, grandit à Montréal, où elle étudie le piano et le chant. En 1955, à l’âge de 16 ans, elle participe au concours radiophonique Les découvertes de Billy Munro et remporte le premier prix. Quelques années plus tard, elle fait une apparition à l'émission Chez Clémence et se produit sur scène à La boîte à chansons, à Québec. Toutefois, c'est en 1962 que le public la découvre véritablement : elle remporte le concours Chansons sur mesure en Belgique, puis enregistre son premier album l’année suivante.
Robe, yeux et cheveux noirs, quand Renée Claude entre sur scène, c’est pour chanter l’émotion. Interprète de talent, elle chante notre chanson, au Québec et partout dans le monde. Au cours des années 1960 et 1970, elle lance plusieurs albums, jumelant sa voix aux compositions d'artistes de talent, dont Jean-Pierre Ferland, Stéphane Venne, François Dompierre, Michel Conte et Luc Plamondon. Touche-à-tout, elle n'hésite pas à monter sur les planches, qu'il s'agisse d'opéra ou même de théâtre. Elle contribue à l’affranchissement sexuel de la femme québécoise en interprétant des textes controversés pour l’époque : Sais-tu que je t’aime depuis longtemps? et Ce soir je fais l’amour avec toi. On la voit même dans la série-culte de Janette Bertrand, Avec un grand A, dans les années 1980.
Éprise des auteurs francophones, elle participe à des spectacles hommage consacrés à sa grande amie Clémence DesRochers, ainsi qu’à Ferré et à Brassens. Son style raffiné l’élève au niveau de sexe-symbole et marque l’imaginaire populaire. Toutefois, dans l’ombre des projecteurs, elle vit des relations difficiles avec ses deux premiers maris, ce qui l’amène à prendre une certaine distance avec les hommes et c’est vers la cinquantaine qu’elle connaît son véritable grand amour. Femme reconstruite, femme accomplie, Renée Claude reste, pour le Québec, l’une de ses plus grandes interprètes.
Photographies

À l’émission Jeunesse oblige, 1964

Renée Claude, jeune femme

Dans les années 60

Renée Claude charme public et critiques

En entrevue à Paris

À l’émission Vedette en direct, 1973

Renée Claude interprète Le monde est fou, 1977

À l’émission Les Beaux Dimanches, 1980

En entrevue dans les années 90

Renée Claude en 2013

Entrevue Magazine
Pouvez-vous nous parler de votre enfance?
Je suis née à Montréal. Je suis l’aînée d’une famille de six enfants – trois filles et trois garçons. La musique était omniprésente chez nous. Ma mère suivait des cours de chant et de piano; elle chantait tout le temps. Je me souviens que, chaque fois qu’on organisait des fêtes, elle faisait le spectacle. Mon père, lui, jouait du saxophone et du thérémine, l’ancêtre du synthétiseur si je peux dire, un instrument très rare. Au jour de l’An, quand toute la famille élargie venait, tout le monde y allait de son petit numéro. Je me cachais dans un coin tellement j’étais timide. À l’âge de 4 ans, mon père m’a montré une petite danse et m’a dit que, si je la faisais, j’aurais droit à mon 50 cents. Pour l’époque, c’était beaucoup! Tu t’achetais quatre ou cinq sacs de chips avec ça! Alors ça m’a convaincue d’affronter ma timidité. J’ai plein de beaux souvenirs imprégnés de musique dans mon enfance.
À quel moment avez-vous su que vous vouliez être chanteuse?
Le déclic s’est fait à l’adolescence au moment où j’ai découvert Gilbert Bécaud. Je le trouvais tellement beau, alors je suis allée acheter son disque et je l’écoutais constamment. Quand il est venu jouer au théâtre St-Denis, à Montréal, mes parents m’ont payé un billet. Quand je suis revenue chez moi, j’ai commencé à répéter ses chansons. Je ne pensais qu’à ça : je voulais chanter! Malgré ma timidité, j’ai présenté deux ou trois chansons de Bécaud au concours amateur Les découvertes de Billy Munro à la radio de CKVL en l’imitant et j’ai remporté le premier prix. Les gagnants étaient embauchés pour chanter six ou sept chansons dans des petits cabarets et mon père m’y accompagnait. L’année suivante, j’ai élargi mon répertoire en chantant Charles Aznavour puis ensuite Georges Brassens.
Quels emplois avez-vous occupés avant de lancer votre carrière?
J’ai été secrétaire à la commission scolaire pour leur service des finances vers l’âge de 18 ans, mais à un niveau plutôt inférieur. En réalité, j’étais la femme de ménage, puis j’adressais des enveloppes. Je détestais tellement ça que j’en ai fait une grosse dépression. C’est la grosse dépression que j’ai faite dans ma vie. Je ne voulais plus voir personne et je me mettais à pleurer devant ma dactylo au travail. J’étais malheureuse! Quand mon père m’a vue dans cet état, il m’a amenée chez le médecin, qui lui a demandé ce qui n’allait pas avec moi. Mon père a répondu : « Elle n’aime pas son travail. » Il lui a demandé ce que j’aimais. Il a dit : « Chanter! » Le médecin a répondu : « Bien, qu’elle chante! » C’est ainsi que je suis allée passer des auditions à Radio-Canada. Je m’en souviens comme si c’était hier. Paul De Margerie, le meilleur pianiste de Radio-Canada, m’accompagnait quand j’ai présenté une chanson de Brassens, entre autres. Grâce au succès de cette audition, j’ai eu une lettre qui m’accordait le droit de solliciter du travail auprès des réalisateurs. Le premier qui m’a engagée est Jean Bissonnette pour l’émission Chez Clémence avec Clémence DesRochers.
Quelle importance Clémence DesRochers a-t-elle eue dans votre vie?
J’ai l’impression que Clémence a été mise sur mon chemin pour une raison. Elle était là pour toutes les premières choses que j’ai faites ou à peu près. Quand j’ai été engagée pour chanter dans une boîte à chansons à Québec, c’était pour faire la première partie de son spectacle La semaine. Je connaissais presque toutes ses chansons et tous ses monologues par cœur. Chanter ses trucs drôles ou humoristiques m’a donné beaucoup d’aisance et de facilité pour vaincre ma timidité et ma peur aussi. Il y a environ 25 ans, je lui ai monté un spectacle hommage avec des chansons et des monologues pour amuser le public.
Quelle est votre force en tant qu’interprète?
Que j’interprète Bécaud, Brassens ou Brel, par exemple, ma force, c’est l’émotion. C’est quelque chose qui vient chercher l’être humain dans ce qu’il a de plus fragile. Lors de mes spectacles en Russie, par exemple, je trouvais surprenant le fait de pouvoir faire passer une émotion quand les gens ne parlaient même pas le français. Une fois, un garçon dans la jeune vingtaine est allé voir mon pianiste et lui a dit : « Je n’ai rien compris, mais c’est le plus beau spectacle que j’ai vu dans ma vie. »
Selon vous, lesquelles de vos chansons ont le plus marqué le public?
Évidemment, Ce soir je fais l’amour avec toi de Luc Plamondon a marqué l’imaginaire populaire. Mon agent me disait : « Écoute, tu ne peux pas chanter ça! Ça n’a pas de bon sens! Tu dis ‟ce soir je fais l’amour avec toi” douze fois… Douze fois! » Je lui ai répondu que c’était une belle petite chanson. Finalement, on a eu l’audace de la faire et ça a été un grand succès. Le monde est fou dont la finale était Ne tuons pas la beauté du monde de Luc Plamondon en est une autre. Le début des temps nouveaux qui a été un grand succès durant la Révolution tranquille. Tu trouveras la paix et Sais-tu que je t’aime depuis longtemps de Stéphane Venne et aussi évidemment l’opéra Nelligan, dont les gens me parlent encore quand ils me voient sur la rue après toutes ces années.
Qu’en est-il de votre vie amoureuse?
J’ai eu un mari alcoolique et l’autre qui était coureur de jupons. J’ai eu des moments douloureux et je suis allée en psychanalyse. Ma relation avec mon amoureux actuel, Robert, je la vois comme un cadeau du ciel. Tout ce que je n’ai pas eu avec les autres, je l’ai avec lui. J’ai eu une vie soi-disant trépidante parce qu’il y avait de l’action, mais un moment donné, ça suffit. Je l’ai connu à 47 ans, mon grand amour. Selon moi, sa plus grande qualité est qu’il sait aimer. Il y en a beaucoup qui t’aiment et t’aiment, mais qui n’arrêtent pas de te faire de la peine. Mais là, c’est le contraire. Une personne qui t’aime, elle ne t’aime pas juste parce que tu es belle et que tu sais chanter. Lui, il sait aimer. Depuis, j’ai eu un cancer et des problèmes cognitifs. Il m’a vue de toutes les manières et avec tous mes mauvais traits de caractère. Il reste. C’est un bel être humain avec des petits défauts de rien.
Quels sont les défis auxquels vous devez faire face en ce qui a trait à votre santé?
Depuis que j’ai commencé à faire de la fibromyalgie il y a 10 ans, ma mémoire fuit! J’ai des trous de mémoire; le mot ne vient juste pas. C’est très frustrant, surtout quand je ne me souviens plus des paroles de mes chansons. 72, 73 ans, ce n’est pas vieux! Ce n’est pas jeune non plus, mais je trouve que c’est trop jeune pour avoir ce genre de problème. Surtout quand je pense que ma mère aura 100 ans et qu’elle commence à peine à avoir des problèmes de mémoire. J’ai des problèmes cognitifs, mais je continue à profiter de la vie, de chaque moment qui passe, selon les conseils de mon amoureux. J’arrive à être heureuse grâce à la présence de Robert dans ma vie. Il compense énormément avec toute sa gentillesse, son attention, son affection.
La musique continue d’être présente dans votre vie?
Je suis encore des cours de chant et je pratique mes vocalises pour la voix et le classique. Je fais de belles découvertes musicales de temps à autre, comme Catherine Major que j’adore, mais, en toute honnêteté, j’écoute surtout de la musique classique et de la musique sacrée le soir et la nuit. Depuis un bout de temps, je fais le Stabat Mater de Vivaldi. Je chante, ça me calme et ça me permet de bien dormir parce que je trouve que ça élève l’âme, la musique. C’est encore le meilleur remède que je connaisse.
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