Gaston Lepage
Parcours de vie
- Nom Complet :
- Gaston Lepage
- Date de naissance :
- Lieu de naissance :
Saint-Félicien
- Profession :
Comédien
- Domaines d’expression :
Comédien, animateur, improvisateur et chroniqueur
- Principales émissions de télévision :
La Petite Patrie, Le Gutenberg, À cause de mon oncle, Don Quichotte, Les Brillant, Le parc des braves, Relevez le défi, Cormoran, Bouscotte, Les grands esprits, Les grands procès, Lobby, Tribu.com, Hommes en quarantaine, Les Bougon, 450 Chemin du Golf, Rumeurs, Mensonges et Les pays d’en haut
- Filmographie :
Cordélia, Au clair de la lune, Piwi, Le château de cartes, Kalamazoo, Gaspard et fils, Jésus de Montréal, Being at Home with Claude, Les marchands du silence, Les États-Unis d’Albert, La comtesse de Baton Rouge, Aurore, Que Dieu bénisse l’Amérique, Nitro
- Théâtre :
L’Avare, Le temps d’une vie, Des frites des frites..., La course au mariage, La noce, Le tourniquet, Couple ouvert, Les fourberies de Scapin, Ha ha!..., Le médecin malgré lui, Les Précieuses ridicules, Le marchand de Venise
- Prix et récompenses :
Étoile de la saison de la Ligue nationale d’improvisation (1979), premier prix d’interprétation du Festival du film de Brest pour le rôle de Samuel Parslow dans Cordélia de Jean Beaudin (1980), prix Gascon-Roux (1993)
Biographie
Né en 1949 à Saint-Félicien, Gaston Lepage effectue ses études en interprétation au Conservatoire d’art dramatique. Dès sa sortie de l’école, il obtient des rôles à la télévision dans les séries La Petite Patrie, Le Gutenberg, Les Brillant, entre autres, au cinéma dans les films Cordélia, Au clair de la lune, Piwi, et au théâtre dans une multitude de productions classiques et québécoises.
Soucieux de ne pas se cantonner dans un style particulier, Gaston Lepage n’hésite pas incarner des personnages tant comiques que dramatiques. Présent dès le premier match de la Ligue nationale d’improvisation (LNI), il participe à plus de 500 improvisations avant d’être intronisé au Temple de la Renommée de la LNI. Pendant de nombreuses années, il se plaît aussi à animer des émissions de variétés comme Relevez le défi.
Amateur de plein air et d’aviation, Gaston Lepage parcourt le ciel québécois plusieurs mois par année et collabore à de nombreuses émissions et publications spécialisées.
Photographies

Dans le rôle d’Anatole, Les Brillant, 1980

Gaston Lepage dans la LNI, 1982

Dans la pièce La Noce, 1984

Couple ouvert à 2 battants, 1985

Gaston Lepage en 1985

Tournée Juste pour rire, 1986

À l’émission Carte d’identité, 1986

Bertrand dans Le Matou, 1987

Reportage à la pêche, 1989

Entrevue avec Gaston Lepage, 2005

Entrevue Magazine
Est-ce que votre amour de la nature a toujours été présent dans votre vie?
Tout le temps. Déjà, à 6 ans, on se faisait des cabanes dans le bois derrière chez nous. On se rendait dans le bois, on traversait le champ, puis là, il y avait le trécarré qui avait l’air d’une grande forêt; on passait nos journées là. Ça s’est toujours passé comme ça quand j’étais petit. Nos parents ne s’inquiétaient pas pour nous; ils savaient qu’on était dans le bois, qu’on allait revenir. On n’était pas fous; on n’allait pas trop loin, on avait peur de se perdre. Mais, bon, on n’aurait pas été perdus très, très longtemps, c’est sûr. Puis, il y avait des rangs. Moi, je viens de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, juste à côté du moulin Labelle. En fait, on vivait devant le moulin Labelle, qui existe toujours, je pense. La terre à l’arrière, c’était celle de mon père; il l’avait vendue, puis ils avaient construit un moulin. Derrière le moulin Labelle, il y avait des terres avec de la forêt. On n’était pas obligés de traverser tous les terrains du moulin pour s’y rendre. On se construisait des maisons et on s’inventait des histoires. Pour la construction des cabanes, on mettait des montants, des travers dans chacun des deux arbres, et par-dessus, on ajoutait un plancher. Je construis encore mes miradors de la même manière. Ça vient de là.
Considérez-vous votre enfance comme ayant été formatrice?
C’est de l’apprentissage; on ne cesse d’apprendre. Quand on vient au monde, on n’a peur de rien, à moins d’avoir déjà des problèmes dans la tête, mais on n’a peur de rien. Ensuite, on nous donne une certaine éducation et à cause de cette éducation, on se crée des craintes, des peurs, etc. « Ne va pas là, c’est dangereux. Ne fais pas ça. » Puis, vient l’adolescence, et là, tu es obligé de combattre toutes les peurs qu’on t’a inculquées; tu te révoltes pour essayer de vaincre toutes ces peurs. C’est peut-être une théorie, mais je pense que c’est près de la réalité.
Qu’est-ce qui vous motive dans la vie?
Juste le plaisir. Moi, je pense qu’il n’y a pas autre chose. J’essaie de trouver quelque chose de valorisant. Qu’est-ce qui motive un enfant à jouer? C’est le plaisir qu’il en retire. Ce n’est pas l’apprentissage, même s’il y en a dans le jeu. Il poursuit son apprentissage, mais c’est le jeu d’abord. Je joue à la télévision, je joue partout; je joue en faisant mes affaires, mes petits bidules. C’est du jeu, tout le temps. Je n’aurai jamais besoin de prendre ma retraite : je suis toujours à la retraite.
Est-ce comme ça depuis toujours?
C’est comme ça depuis l’âge de 4 ans, oui. Même quand j’étais petit, je jouais à fabriquer des affaires. J’avais le droit à la hache, à la sciotte, au marteau, à des clous. J’ai commencé à fabriquer mes propres jouets à partir de l’âge de 5 ou 6 ans. J’ai reçu une hache en cadeau pour mes 6 ans. Aujourd’hui, on n’ose même pas donner un coupe-papier à un enfant de 6 ans, mais bon. J’ai eu ma petite hache parce que mon père était exaspéré que je prenne la sienne; elle était aussi haute que moi. On allait dans le bois avec ça avec mes amis; on se faisait des cabanes dans les arbres.
Comment êtes-vous devenu comédien?
J’avais des amis qui faisaient du théâtre amateur quand j’étudiais au Cégep Édouard-Montpetit. Ils faisaient partie d’une troupe. Moi, je ne jouais pas; j’étais trop timide pour ça. Un jour, un Français qui était professeur est arrivé. Il a dit : « Je sais qu’il y a une troupe de théâtre amateur ici – qui s’appelait L’Estafette et dont Raymond Legault et plusieurs comédiens qui ont fait carrière par la suite faisaient partie – j’aimerais rencontrer ces gens-là. » Ils se sont retrouvés dans une salle et, moi, j’ai suivi mes amis, par curiosité. Il leur a fait lire des classiques. Il devait y avoir à peu près 25 personnes, des gars et des filles. Puis, mon tour est venu et j’ai dit : « Non, moi, je suis auditeur libre. Ça ne m’intéresse pas trop. » Il a fini par me convaincre. J’ai lu Géronte, dans Les fourberies de Scapin. Ensuite, il a gardé quelques personnes, dont moi. Il a dit : « On pourrait peut-être monter La Leçon de Ionesco, puis Feu la mère de Madame, de Feydeau. » J’apprenais tout parce que je ne connaissais rien du théâtre. On a commencé à travailler là-dessus et j’ai donc joué ces pièces de théâtre là. On a présenté ces spectacles-là, et il m’a dit : « Tu n’aimerais pas faire ça comme métier, acteur? Il me semble que tu serais bon là-dedans. »
Comment s’est déroulée la suite?
On a regardé dans l’annuaire, puis on a trouvé l’École nationale de théâtre, puis le Conservatoire d’art dramatique. J’ai fait une demande d’admission au Conservatoire et j’ai préparé des auditions avec lui. Au printemps, on est allés faire les auditions. Il y avait de 300 à 400 personnes qui passaient les auditions pour entrer. Seulement 12 candidats étaient pris. J’ai passé mes auditions et ça a été absolument terrible. J’étais un petit peu découragé, mais j’avais fait ma demande d’admission à l’université en théâtre aussi. J’en avais aussi fait une à l’École nationale. Finalement, une semaine plus tard, j’appelle au Conservatoire; j’étais accepté partout. J’étais fier comme Artaban. J’étais accepté aussi à l’École nationale, mais je n’avais pas d’argent. L’École nationale, ça coûtait 500 $. Au Conservatoire, ça ne coûtait rien. L’inscription coûtait 15 $ si tu étais accepté. Ça comptait; moi, j’étais pauvre.
On dit de vous que vous êtes un bon acteur.
Tant mieux! C’est la raison pour laquelle je continue de le faire, mais aussi parce que j’ai beaucoup de plaisir à faire ça. C’est un autre privilège, dans l’existence, qu’on te confie un rôle, et là, tu étudies ton affaire comme il faut, puis tu plonges dans l’essence de ce rôle, de ce personnage-là; tu essaies de te l’approprier au maximum, puis de lui trouver de la personnalité, quelque chose de vraiment unique. Tu fais ça et le réalisateur dit : « Oui, c’est ça que je veux. C’est d’accord. » Tu as tout le temps l’impression d’avoir fait bien du chemin. Quand tu vois le résultat par contre, tu n’es jamais content parce que, le résultat, ce n’est pas ce qui se passe en nous.
C’est-à-dire?
Pour vous donner un exemple, le premier film avec un rôle important dans lequel j’ai joué s’appelait Cordélia. J’étais le présumé amant de Cordélia. On a eu énormément de plaisir à tourner ça. J’étais très enthousiaste. Pour Jean Beaudin, le réalisateur, ça fonctionnait très, très bien. Puis, il a fait une projection d’équipe. J’ai vu mon interprétation et celle de tout le monde. J’ai vu le contexte, tout était là. En sortant, j’étais un petit peu déçu. Jean est venu me voir et je lui ai dit : « Je suis désolé, je pensais que c’était mieux. » Il a répondu : « Qu’est-ce que tu veux dire? » Il y a une déconnexion qui se produit; j’ai appris ça plus tard, avec l’expérience. Il y a une déconnexion qui se produit avec l’intériorité que tu avais quand tu le faisais. Ce n’est pas quelque chose que tu es nécessairement capable de voir de toi-même quand tu te regardes. Ça peut arriver, mais pas tout le temps. C’était ma première grosse expérience du genre. Avant, j’avais fait énormément de théâtre, de la télévision, des séries, mais là, j’avais l’impression que tout ce que j’essayais de transmettre à travers le rôle ne passait pas dans l’image. Cependant, ça passait pour tout le monde, sauf pour moi. On me disait : « Bien oui, ça passe. C’est excellent! » Moi, je ne le voyais pas.
L’acteur serait-il mauvais juge de son travail?
Moi, lorsque je me regardais à l’écran, je ne voyais pas ce que j’avais ressenti à l’intérieur au moment de le jouer. C’est ça qui était curieux. Parce que l’émotion, quand je l’ai fait, je l’avais et je le savais que je l’avais, mais quand je voyais l’image, je me disais : « Comment ça se fait que ça ne passe pas, ça? Je ne le vois pas. » Mais on apprend. J’en étais à mes débuts au cinéma.
Votre personnage dans la série Les pays d’en haut a séduit les Québécois. Vous avez reconquis le public, en quelque sorte. Quel effet cela vous fait-il?
C’est sûr que j’étais très content d’abord qu’on me confie ce rôle-là. En plus, je connaissais l’histoire depuis le début; j’avais 6 ou 7 ans quand j’ai vu les premières émissions à la télévision. Je savais qu’il se faisait assassiner au cinquième épisode, mais il y avait de la viande autour de l’os quand même. C’était un personnage ancré avec ses contradictions et tout ça, et il y avait quelque chose de solide en lui. C’était plaisant de faire ça.
Le fait que vous aimez piloter un avion est bien connu des Québécois. Pourquoi volez-vous? Pourquoi investissez-vous autant dans le vol?
Quand j’étais plus jeune, j’avais peur de prendre l’avion. Même quand j’étais obligé de prendre l’avion pour aller travailler à Toronto ou pour partir en voyage, j’avais tout le temps très peur. J’y allais, mais je n’étais pas de bonne humeur. J’avais peur que l’avion tombe. Un jour, j’ai rencontré un gars qui avait un avion et qui m’a invité à aller faire un tour au-dessus de Montréal. Quand on est revenus, il m’a demandé comment j’avais trouvé ça. J’ai dit que je faisais semblant de rien, mais que j’avais eu peur qu’on tombe. Il a répondu : « On s’habitue à ça. » Trois semaines après, il m’a invité à aller pêcher à son camp dans le Nord. « Eh bien, j’ai dit, aller à la pêche, ce serait plaisant. » On est allés sur quelques lacs. On a pris nos quotas de truites et de dorés. On est allés visiter d’autres lacs qu’il m’a montrés. C’était superbe. Pendant ce séjour, je me suis rendu compte que si je voulais profiter de tout ça, il fallait que je surmonte ma peur de voler. L’attrait était extraordinaire et cela pouvait m’aider énormément. J’aimais la forêt et le bois; j’avais toujours aimé ça. L’année d’après, un an jour pour jour, j’étais au même endroit avec mon hydravion.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans le fait de voler? L’aventure? La liberté?
C’est tout ça mélangé. Tout d’abord, c’est un privilège énorme de pouvoir voler, de pouvoir décider que tu voles. C’est comme être un magicien : tu voles dans les airs, tu pars sur un tapis volant et tu vas où tu veux, selon les conditions météorologiques, évidemment. C’est énormément de liberté.
Ça vous donne accès à un territoire immense, aussi, n’est-ce pas?
Le Québec est l’endroit absolument idéal pour voler. D’abord parce que tu n’es pas limité par des zones de contrôle, des interdictions de vol, etc., à plusieurs endroits. Il y en a, mais ça n’a rien à voir avec, par exemple, la France ou les pays d’Europe en général. Ici, c’est le summum pour l’hydraviation. Plus tu vas dans le Nord, plus tu te demandes si c’est de la terre dans l’eau ou de l’eau dans la terre. Il y a tellement d’eau que c’est inouï. Tu peux te poser à peu près n’importe où n’importe quand, en suivant des règles, bien entendu.
Vous êtes perçu un peu différemment dans le milieu artistique en raison des choix que vous faites, non?
Je suis peut-être différent des autres artistes parce que je fais des choix qui ne sont pas artistiques, mais qui ont autant d’importance pour moi que les choix artistiques. Donc, je trouve ça plaisant d’aller faire un voyage dans le Grand Nord pour aller pêcher. Ça se peut bien que je refuse un rôle pour faire ça. Ce n’est pas un choix artistique, c’est un choix de plaisir, point à la ligne. Je sais que pour la plupart de mes amis qui font le même métier que moi, leur premier choix, c’est le métier. Moi, c’est la vie, mais il est possible que j’abandonne le voyage pour aller tourner avec Spielberg!
Comment vous décririez-vous Gaston Lepage?
C’est un gars relativement ordinaire, qui aime jouir de la vie en général. Un peu épicurien, un peu pas mal sur les bords! Fidèle à ses amis, ça, c’est sûr. Ça a toujours été comme ça. J’ai donc de vieux amis qui datent de l’époque où j’avais 5 ans. Je ne les vois pas souvent, mais de temps en temps je les aperçois ou je les rencontre par hasard quand je vais au Saguenay. On se remémore certaines choses, des mauvais coups qu’on a faits quand on avait 6 ou 7 ans. Un ensemble de facteurs sur lesquels on n’a aucun contrôle – comme le travail, le temps, les fonctions – font qu’on est séparés, mais ça reste des amis pour toujours.
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