Claire Lamarche
Parcours de vie
- Nom Complet :
- Claire Lamarche
- Date de naissance :
- Lieu de naissance :
Montréal
- Profession :
Animatrice et productrice de télévision
- Principales émissions animées :
Droit de parole, Claire Lamarche, Les retrouvailles, Bonheurs à partager, Faut voir clair, La chasse à l’emploi, Huis clos
- Séries documentaires :
Soins intensifs, Écoles à l’examen, Sur les traces du docteur Julien, TDAH mon amour
- Claire en quelques chiffres :
Huit MétroStar; 90 000 témoignages recueillis au cours de sa carrière; 1713 épisodes de l’émission Claire Lamarche
- Moment marquant :
En 1997, elle s’effondre en ondes à cause d’une chute de tension alors qu’elle anime un débat entre politiciens.
Biographie
Claire Lamarche naît en 1945 au sein d’une famille de six enfants où musique, chant et spectacle font partie du quotidien. Jeune femme, elle quitte la ville de Québec pour s’installer à Montréal où elle fait des études universitaires en sociologie. Après une incursion dans le monde de l’enseignement, elle se tourne plutôt vers la télévision où elle travaille d’abord comme recherchiste. C’est à Radio-Québec (devenue Télé-Québec), en 1982, qu’elle fait ses premières armes comme animatrice en tenant la barre de l’émission Droit de parole.
Pendant sept ans, elle anime avec brio des débats de société sur la place publique et se fait rapidement respecter des téléspectateurs et de ses pairs. C’est au moment où elle fait le saut à TVA qu’elle devient une vedette et une figure incontournable de la télévision québécoise. Elle touche le public quotidiennement avec des sujets parfois tabous, controversés ou plus légers qu’elle présente à l’émission qui porte son nom pendant 12 ans. En parallèle, elle met sur pied une émission de retrouvailles qui deviendra la plus marquante de sa carrière et qui changera la vie de milliers d’individus.
Récompensée par une quantité remarquable de prix MétroStar, Gémeaux et Artis, elle est admise au Temple de la renommée de l’Association canadienne des radiodiffuseurs en 2003. Au côté de sa fille et productrice Stéphanie Couillard, elle met désormais son talent au service de séries documentaires qui présentent des enjeux sociaux d’importance : Soins intensifs, TDAH mon amour et Écoles à l’examen.
Malgré la mort de son conjoint en 2012 et ses problèmes de santé chroniques qui lui font subir des pertes de conscience imprévisibles, Claire Lamarche reste toujours aussi fougueuse, curieuse et amoureuse de la vie. Débutant ses journées par de l’exercice en plein air ou par des leçons de chant, elle a une insatiable soif d’apprendre et une discipline de vie irréprochable. Aujourd’hui grand-mère, elle transmet ses passions et sa joie de vivre à ses petits-enfants qu’elle aime plus que tout. En paix avec la vie et la carrière qu’elle a connues, elle se dit à l’aise loin des caméras et cherche surtout à poursuivre sa marche vers l’essentiel.
Photographies

Claire et sa mère, 1945

La jeune Claire

Claire, son frère et sa soeur aînés

Confirmation

Vers l’âge de 10 ans

La jeune Claire Lamarche à la campagne

À l’adolescence

Diplômée de sociologie

Au début de sa carrière, dans les années 80

Au début de sa carrière, années 80

Animatrice de Droit de parole, années 80

Animatrice de Droit de parole, années 80

Avec sa fille Stéphanie Couillard

Avec son défunt conjoint, Guy Messier

Avec l’un de ses petits-enfants

Claire Lamarche adore la pêche

Entrevue Magazine
Pouvez-vous nous parler de votre naissance et de votre jeunesse?
Je suis née à Montréal en 1945, puis mes parents ont déménagé à Sherbrooke et, finalement, à Québec, où nous sommes restés. Je viens d’une famille de six enfants, trois garçons et trois filles. Une famille moyenne. Mon père était gérant d’assurances et ma mère, évidemment avec six enfants, travaillait à la maison. Nous étions une famille tricotée serrée, où il y avait beaucoup de musique, de chansons et de spectacles organisés. Ça a été une enfance très agréable.
Quelle relation aviez-vous avec vos frères et sœurs?
Nous étions tissés serrés, mais ça n’a pas été facile de prendre ma place. J’étais la troisième et ma sœur aînée était la sœur parfaite qui faisait toujours bien les choses. J’ai joué du coude un peu pour faire ma place. Ça m’a peut-être donné un côté plus rebelle ou revendicateur. Je ne comprenais pas pourquoi les filles n’avaient pas droit au même traitement que les garçons dans ma famille. Mon frère avait le droit de partir en Gaspésie en faisant du pouce, mais pas moi. J’acceptais mal cela. Puis, j’avais l’impression que les études de mon frère étaient plus importantes que les miennes. Mon père regardait son bulletin en détail et, moi, c’était plutôt ma mère qui le regardait. Je regardais ce traitement différent et ça m’a dérangée dès le départ. Malgré cela, j’avais une très bonne relation avec mes parents.
Comment ce petit côté rebelle qu’on vous connaît a-t-il commencé à se manifester?
Ça a été une espèce de constante qui s’est installée. J’ai fait de la politique étudiante quand j’étais au collège. J’étais présidente de l’association. À un certain moment, je me suis dit : « Nous allons finir notre cours et il me semble que nous aurions des choses à dire aux religieuses qui nous enseignent. Il y a des failles dans leur façon de nous éduquer et nous devrions leur dire avant de partir. Ça servirait aux filles qui vont nous suivre. » J’étais un peu naïve. Je me disais qu’elles étaient des pédagogues, qu’elles seraient à l’écoute et contentes qu’on leur remette une sorte de mémoire. Alors, j’avais convaincu mes consœurs et formé un petit comité. On a travaillé fort pour écrire un mémoire. Ça a été très, très mal reçu. Je reste fière de ça, même si c’était naïf de penser que nous serions bien accueillies. Ça a été une démarche importante.
Quelle a été votre première histoire d’amour?
Bien, je dirais que ma première grosse histoire d’amour passion a été mon mari, Robert Couillard, le père de ma fille. C’était l’époque où le Québec bougeait beaucoup. On découvrait l’importance de la communication et, moi, j’ai toujours cherché à me libérer du carcan plus rationnel. Robert était capable d’embarquer et de me suivre là-dedans, même si j’avais l’air d’une vraie folle à certains moments. Par exemple, après un stage en communications, je reviens à la maison et je dis à Robert : « Ça n’a pas de bon sens! Les tables bloquent la communication entre les gens. Il ne faudrait pas s’asseoir sur des fauteuils, mais sur des coussins par terre. Il faut communiquer sans blocage. » Alors, nous avons vendu toutes nos antiquités, des coussins partout, pas de table pour manger. Nous invitions les gens qui venaient chez nous à s’exprimer quand ils entraient. Vraiment, un désir de faire éclater une enveloppe, un modèle.
Donc, vous avez vécu pleinement les années 70. Est-ce vrai que vous avez déjà vécu quelques moments dans des communes?
Non. Nous avions ce projet très sérieux, avec des amis, de mettre beaucoup de choses en commun. C’était le discours de « la propriété individuelle, ce n’est pas bien ». Nous avions de beaux idéaux; ne pas être propriétaire de quoi que ce soit. Si notre « chum » allait avec une autre des filles du groupe, il ne fallait pas se formaliser de ça. On se disait ça entre nous, mais entre le dire et l’accepter, il y a une marge. Ça ne s’est finalement jamais matérialisé, mais on a rêvé de ça. Cette idée de mettre en commun toutes sortes de compétences et de petits avoirs, de transformer les relations dans notre société.
Comment êtes-vous arrivée dans le domaine de la télévision?
Après avoir étudié la sociologie et enseigné pendant trois ans, j’ai eu la possibilité d’aller travailler pour la radio comme recherchiste à La vie quotidienne avec Lizette Gervais et Andréanne Lafond. J’ai appris qu’on cherchait des gens à Radio-Québec pour travailler comme agent de programmation. Alors, j’ai travaillé sur les mandats des émissions, les orientations qu’on pouvait leur donner et tout ça. C’était un travail derrière la caméra que j’aimais beaucoup. Un jour, on m’a dit : « Aimerais-tu animer Droit de parole? On aimerait que tu le fasses. » Je suis tombée en bas de ma chaise! Ça ne me tentait pas et j’avais peur de me casser la gueule. C’est ce que j’ai dit au patron du temps, mais il m’a convaincue que je devrais accepter. Je ne l’ai jamais regretté.
Vous avez appris votre métier sur le tas?
Oui. Ce ne serait plus possible maintenant. Tu ne peux pas apprendre à faire de la télévision en le faisant, mais c’est ce qui m’est arrivé. Heureusement, j’ai pédalé assez vite et j’ai fini par comprendre comment me comporter. Encore là, j’arrivais là-dedans et je me disais : « Je vais le faire, mais je ne veux pas que la télévision me change. » Je ne voulais pas me faire trop maquiller, vraiment presque pas. Je ne voulais pas me faire coiffer non plus, je voulais que ce soit naturel. C’était une étrange façon de voir les choses parce que, forcément, la télévision a ses propres règles. Il ne faut pas qu’elle t’étouffe complètement, mais il y a des choses à respecter. Je l’ai appris avec le temps.
Pouvez-vous nous parler de Droit de parole?
C’était d’abord un mandat d’affaires publiques, mais on a introduit de façon progressive des sujets à caractère humain, des préoccupations sociales. Un moment donné, un réalisateur envers qui je serai toujours reconnaissante, Jean-Pierre Morin, a dit : « Il faut que l’émission respire un peu. Une fois par mois, on devrait avoir des gens d’une même catégorie à qui on donne la parole. » Alors, nous avons donné la parole aux aveugles, aux malentendants, aux prisonniers, aux Amérindiens. Nous avions réuni des Amérindiens de cultures différentes, puis, à la première question que je pose, l’invité me répond dans sa langue. Alors, moi, je suis surprise et je ne sais pas quoi faire. Je me dis : « Est-ce que ça va durer longtemps? Vont-ils tous faire ça? » C’était une façon de dire : « Merci de l’invitation, je vais te parler dans la langue qui est la mienne et je te pense assez ouverte pour accepter ça. » J’ai un bon souvenir de cette émission-là.
Étiez-vous dure envers vous-même lorsque vous vous regardiez à la télévision?
Oui. Qui n’a pas de difficulté avec son image objectivée à la télévision? De toute façon, les gens ont été durs avec moi au début. Il y avait des commentaires qui arrivaient à Radio-Québec, comme « Attachez-la! » parce que je parlais avec mes mains. Je le fais encore, mais ma réaction a été de dire : « Écoutez, je parle comme ça dans la vie. Si je décide de me donner une contenance très calme et tout, ce n’est plus moi. » D’autres disaient : « Elle a l’air d’une maîtresse d’école. » Ce qui était très vrai. La première émission, j’étais derrière un bureau, puis j’avais un look. Je n’ai jamais eu l’air très dans le vent. Les gens ont été durs avec moi, mais ça a changé par la suite. Puis, j’étais dure avec moi-même.
Vous avez animé la quotidienne Claire Lamarche pendant 12 ans. Croyez-vous avoir fait évoluer la société avec cette émission?
Je crois que oui. On a eu des témoignages à cet effet-là. Les gens nous parlaient de l’effet que certains sujets avaient eu dans leur famille. Par exemple, quand on est allés dans la rue pour faire de grandes émissions spéciales avec les itinérants. Je crois bien qu’on a fait comprendre un peu mieux cette réalité-là, puis on a fait de grandes mobilisations aussi. Les gens apportaient ce qu’il fallait pour l’hiver. La réponse était très bonne. Avec Les retrouvailles aussi, on a fait changer des choses. On a changé les perceptions et fait comprendre qu’il n’est jamais trop tard. Tu peux avoir refusé de voir quelqu’un pendant 30 ans ou caché des choses pendant 30 ans, mais quel geste de libération de dire : « On va s’ouvrir et on va se rencontrer. » Ça a une influence ça.
Dans quel contexte avez-vous commencé à animer Les retrouvailles?
C’était des spéciales dans la quotidienne. Ça a commencé par être une heure, puis c’est passé à deux heures, avant les nouvelles. Ça s’est développé tout le temps. On était allés voir les gens de la direction pour leur dire de nous donner une demi-heure de plus après le bulletin de nouvelles. Ils nous avaient dit de ne pas trop nous faire d’illusions, mais on roulait à 700 000, 800 000 téléspectateurs à 23 h. Les gens qui avaient été fidèles au poste pendant les deux heures avant savaient qu’il y aurait des retrouvailles entre temps et voulaient voir comment ça allait aboutir.
Ça ne devait pas être une recherche facile!
Moi, je parlais toujours des « Colombo » qui étaient chez eux et qui nous aidaient. C’était précieux, ça! Des gens disaient : « Ça doit être arrangé avec le gars des vues. » Ce n’était pas arrangé. Quand on commençait l’émission avec le site Internet, on savait qu’on aurait quatre ou cinq retrouvailles en banque. Il y a des gens qui venaient sur notre site, voyaient que telle personne cherchait son fils, nous donnaient des indices. Nous avions une assurance de cinq ou six retrouvailles durant l’émission, mais le reste c’était des surprises. Le régisseur avait des cartons, les fameux papiers jaunes. Les gens surveillaient ça. Ils voyaient arriver le régisseur avec un papier jaune et ça faisait « Hou! » dans la salle. Ça a pris de la place dans le cœur des gens et c’était toujours très attendu.
Vous avez toujours eu le flair de poser les bonnes questions aux bonnes personnes.
J’espère que je l’avais. J’ai toujours cru dans cette recette-là. Il faut parler avec les gens d’autre chose avant pour les mettre à l’aise. C’est pour ça que je n’ai jamais voulu d’animateur de foule sur mes plateaux. Je voulais le faire moi-même. Les gens de l’équipe devaient être « tannés » de m’entendre faire les mêmes blagues, mais l’idée était de détendre l’atmosphère. En même temps, quelqu’un qui a de la répartie va te relancer sur quelque chose et tu te dis : « Elle, il faut que j’aille la voir tout à l’heure. » Tu ressens l’énergie des gens et, quand tu es en direct avec 60 personnes en studio, c’est important.
Aujourd’hui, vous avez décidé de vous tourner davantage vers les séries documentaires. Pourquoi?
Le documentaire permet d’approfondir un sujet, d’aller chez les gens, d’entrer dans leur intimité et d’aller voir les spécialistes aussi sur le terrain. Ça correspond aussi plus au rythme de travail que je peux avoir maintenant. On essaie toujours de faire le même genre de télévision, qui est utile, qui va faire réfléchir et qui va peut-être changer les perceptions.
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Extraits Vidéo
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